Charles Bukowski, PULP, traduction et postface de Gérard Guégan.
Grasset, 264 pp. , 110 F.
Marc-Edouard Nabe, LUCETTE. Gallimard, 341 pp., 130 F.
Honneur aux morts. Avant de s'éclipser (de leucé-mie), Charles Bukowski a donc eu le temps d'écrire un dernier roman. Tout rond, bouclé, pas même inachevé. Bizarrement, c'est un hommage à la littérature de gare, aux pulp fictions (pulp: ce mot qu'on finira bientôt par ne plus pouvoir lire, même en peinture). Bizarrement, parce qu'on pouvait attendre du vieux dégueulasse qu'il se trisse l'index dressé, sans dire merci, sans rendre hommage à rien ni à personne, sauf peut-être, dans un dernier mouvement de pernicieuse autosatisfaction, à sa pomme, la bière, le turf et les gros nichons. Mais certainement pas à la littérature de gare, aux p'tits polars à trois francs six sous lui, le furibard poète d'Hollywood.
En effet, Pulp pue un peu la commande, la bonne idée de service. On se dit que l'éditeur a dû passer contrat comme, dans le roman, la Grande Faucheuse traite avec Bellane, soi-disant le meilleur privé de Los Angeles: «Elle sortit son chéquier, l'ouvrit, griffonna quelques chiffres, signa, puis, après en avoir détaché le bout de papier qui scellait notre entente, elle le lança vers moi. L'atterrissage fut sans bavure, et je m'en emparai pour voir de combien elle s'était fendue. Deux cent quarante dollars. Je n'avais pas vu autant d'argent depuis que j'avais touché un gagnant à Hollywood Park en 1988.» Dans la mythologie populaire, c