Yves-Henri Bonello, L'INJUSTICE, Galilée, «Débats», 192 pp., 135 F.
Dans l'Injustice d'Yves-Henri Bonello, il n'est question que de justice. De ses fondements chancelants et du débat engagé en France sur la crise d'une institution qui au lieu d'établir le droit se perd parfois en chemin. L'essai de cet avocat spécialiste du contentieux est structuré lui-même en deux parties: un état des lieux où sont répertoriés notamment les nouvelles formes d'injustice et un lieu du possible où la justice s'essaie à relever le défi des temps et commence à regarder à l'extérieur de son enceinte. «La dispute judiciaire obéit à un usage codifié du langage et à une mise en scène»: Yves-Henri Bonello ne saurait à aucun prix renoncer à ce jeu, car la justice «demeure le dernier mode opératoire impassible avant le combat des violences». Même si, intervenant après coup, cette démarche symbolique est d'une efficacité limitée. Expliquer le mécanisme de l'injustice est sa tâche première et, partant, faire admettre à la victime que le mal qu'elle a subi n'est pas annulable: «Au fond la justice s'occupe de coupables parce qu'elle est impuissante ontologiquement impuissante à s'occuper des victimes.»
Depuis quelque temps, le juge est pourtant sommé de prendre en charge la victime autant que de régler son compte au criminel. Dans l'affaire du sang contaminé, par exemple, la presse a sans aucun doute pesé dans la poursuite judiciaire, tandis que la justice a donné l'impression d'hésiter et de ne pas jo