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Critique

Désarmant Giono : ""journal, poèmes, essais""

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publié le 9 mars 1995 à 2h19

Jean Giono, JOURNAL, POEMES, ESSAIS, édition publiée sous la

direction de Pierre Citron. Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 1 644 pp., 390 F jusqu'au 31 mai 1995, 440 F après.

L'attitude de Jean Giono, à la fin des années 30 et pendant l'Occupation, alimente toujours la chronique. Son pacifisme engagé, voire exacerbé, qui l'amena à ap- prouver les accords de Munich, à vouloir rencontrer Hitler en 1938 et à refuser toute idée de Résistance (sans pour autant jamais collaborer), n'a pas fini d'étonner. La publication de son journal, totalement inédit, des années 1935-1939 et 1943-1944, est donc un document précieux pour compren-dre l'état d'esprit, si controversé, de l'écrivain à cette époque. Jean Giono, qui aurait eu 100 ans cette année (il est mort en 1970), n'a tenu de journal que pendant ces deux périodes. Pour l'éditeur Pierre Citron, la grande qualité de ces fragments tient dans leur «spontanéité» et leur «impulsivité», attestées par l'absence de ratures et la fréquence des colères.

En 1935, Jean Giono a 40 ans. Depuis six ans, il a abandonné son travail à la banque de Manosque pour se consacrer à l'écriture et s'est installé dans la maison du Paraïs où il passera le reste de sa vie. Le Chant du monde a paru en 1934 et il a donné à la revue Europe son premier texte pacifiste. Il vient de finir Que ma joie demeure quand il commence son journal: «Il y a assez longtemps que j'ai envie d'écrire mon journal. C'est une manifestation de ma solitude. Peut-être une défense s