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Hexagonales : sur la route aussi, les riches écrasent les pauvres

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publié le 9 mars 1995 à 2h09

ILS SE SONT MIS À DEUX, des universitaires, pour déchiffrer les

inégalités en France (1). Un travail considérable et jusque-là jamais réalisé. Sur 576 pages, les chercheurs déroulent la litanie des injustices, celles qu'on connaît, celles qu'on ne connaît pas. En chiffres et tableaux, ils démontrent qu'elles sont partout. Face aux revenus, aux cotisations sociales, face à l'emploi, à la santé, au logement. Les exemples abondent. La justice? Les jeunes prolétaires perdent leurs procès une fois sur deux, les jeunes bourgeois, une fois sur cinq. La consommation? Les ouvriers passent plus de temps à préparer leurs repas qu'à les manger, chez les cadres c'est l'inverse. L'école? Quand les cadres inscrivent leurs enfants en 6e, ils choisissent l'allemand comme première langue parce que les germanistes de 10 ans se retrouvent, ensemble, dans les meilleures classes des collèges.

A force de chercher les signes de fracture, les deux auteurs ont déniché une inégalité suprême: l'accident de la route. On le pensait égalitaire, jetant tout le monde dans la même ambulance, on avait tort. L'accident pratique une discrimination sociale que les auteurs résument par cette phrase: «Sur les routes, les riches écrasent les pauvres!» Et ils ont des chiffres à l'appui.

Quand le délégué interministériel à la Sécurité routière publie, comme ce mardi 7 mars, le baromètre des accidents de la route, il en donne le nombre, il dit si les victimes sont mortes ou blessées, il donne les lieux des accidents ­ e