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Rencontre avec Mario Vargas Llosa en 1995 : «Je peux exercer une plus grande contribution comme écrivain et intellectuel que comme militant politique»

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En 1995, à l’occasion de la parution du «Poisson dans l’eau», qu’il présentait comme des «mémoires», «Libération» avait rencontré l’écrivain péruvien, mort le 13 avril 2025.
Mario Vargas Llosa en juillet 1990. (Leonardo Cendamo/Getty Images)
publié le 9 mars 1995 à 2h10
(mis à jour le 14 avril 2025 à 8h54)

L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa est mort le dimanche 13 avril 2025 à Lima. Nous republions l’interview paru en 1995 à l’occasion de la sortie d’un nouveau livre.

Comme souvent chez Vargas Llosa, le Poisson dans l’eau est un livre à deux voix: deux récits parallèles qui se déroulent à des dates et à des endroits différents, et qui parfois ­ mais pas toujours ­ finissent par se croiser. C’était déjà le cas dans la Tante Julia et le Scribouillard, son roman le plus autobiographique, où le personnage de Varguitas ressemblait comme une goutte d’eau à son inventeur. Cette fois, ce sont des «mémoires» que Vargas Llosa prétend livrer à ses lecteurs, en s’éloignant le moins possible de sa propre vérité. L’objectif n’est pas atteint, et c’est tant mieux. Car, du moins dans la partie qui concerne l’enfance et l’adolescence, il s’agit d’un véritable roman. Son noyau central, ce sont les rapports avec son père, qu’il avait cru mort et qui ne réapparaît que lorsqu’il a 10 ans, pour mettre fin à un semblant d’harmonie familiale. L’affrontement avec ce géniteur autoritaire et borné a des relents kafkaïens: c’est une véritable «lettre au père» où Vargas Llosa adoucit cependant son propos en affirmant que c’est ce même père qui, par son opposition, serait responsable de son entrée en littérature. Moins passionnant, en revanche, est le récit de la campagne électorale menée au Pérou entre 1987 et 1990, qui n’a pas laissé d’excellents souvenirs au candidat malchanceux