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Libération
Critique

Mettre les voiles : ""Le foulard et la République""

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publié le 9 mars 1995 à 2h09

Françoise Gaspard, Farhad Khosrokhavar,

LE FOULARD ET LA REPUBLIQUE. La Découverte, 214 pp., 98 F.

Ministres de gauche et de droite, évêques et prêtres, recteurs et imams, philosophes et autres intellectuels, les uns plutôt intraitables au nom des valeurs républicaines, les autres plutôt ouverts au nom des droits de la démocratie, bref, tous se sont exprimés sur le voile que quelques jeunes filles se sont mises à porter dans leurs lycées et collèges. Tous ont parlé, ont condamné, expliqué, sauf les jeunes filles en question. C'est le grand mérite de Françoise Gaspard et Farhad Kosrokhavar d'avoir, avec le Foulard et la République, réparé cet oubli révélateur.

Cet ouvrage est né d'une enquête sur les relations entre garçons et filles dans ce qu'on appelle les «quartiers chauds». A la base, il y a une centaine d'entretiens de près de deux heures chacun, réalisés entre février 1993 et août 1994, essentiellement dans les banlieues de Paris et de Dreux. Membres du Cadis (le Centre d'analyse et d'intervention sociologique, dirigé par Alain Touraine), ces deux sociologues ont un parcours peu ordinaire. Iranien, Farhad Kosrokhavar rentre dans son pays en 1976 et revient en France en 1990. Philosophe de formation, il a soutenu une thèse de sociologie sur la révolution iranienne. Françoise Gaspard est historienne et a été maire socialiste de Dreux. Les deux sont aujourd'hui maîtres de conférence à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Autant dire qu'ils sont partis enquêter av