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Libération
Critique

Du sacré au secret : ""les arts de gouverner. Du Regimen médiéval au concept de gouvernement""

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publié le 16 mars 1995 à 2h06

Michel Senellart, LES ARTS DE GOUVERNER. DU REGIMEN MEDIEVAL AU

CONCEPT DE GOUVERNEMENT. Seuil, «Des Travaux», 316 pp., 160 F.

Si les Arts de gouverner se déclinent, dès le titre, au pluriel, c'est que, pour Michel Senellart, il serait vain de chercher «une essence, un principe fondateur» dont on pourrait déduire une méthode de gouvernement. Aussi le propos de ce philosophe né en 1953, maître assistant à l'université de Nancy, n'est pas de reconstituer l'histoire «philosophique» d'un concept, car justement, «à la logique des concepts, le discours de l'art de gouverner substitue un agencement de règles, d'images, d'exemples, de thèmes d'exercice qui obéit à une triple exigence de persuasion, d'incitation et d'entraînement». Le gouvernement ­ comme tout ce qu'on peut en dire ­ relevant du monde de l'action, il ne peut pas demeurer extérieur «aux jeux stratégiques qui définissent, à chaque époque, les conditions du pensable et du faisable». Une question traverse cependant cette recherche, celle du rôle du christianisme dans les transformations du politique au cours d'un millier d'années, de la chute de l'Empire romain au triomphe de l'Etat absolu, en somme du refus de l'Etat par les chrétiens à sa célébration ou «du regimen médiéval au concept de gouvernement», pour le dire avec le sous-titre des Arts de gouverner.

Suite au péché originel La méthode de Michel Senellart est généalogique en ce qu'il étudie un genre particulier de textes, les specula principum, les miroirs des princ