Fondée en 1901, forte aujourd'hui de 170 salariés, la maison Albin
Michel a presque cent ans et vraiment toutes ses dents. L'année 1994 a été celle de tous les succès: 750 000 exemplaires pour Mitterrand et les quarante voleurs de Jean Montaldo, près de 200 000 pour les révélations de Philippe Alexandre sur Mazarine et l'Agenda secret de Jacques Chirac des Guignols, plus de 100 000 pour les derniers romans de Mary Higgins Clark, Stephen King, Bernard Clavel et Michel Ragon, et, en guise de point d'orgue, le prix Goncourt à Didier Van Cauwelaert, aujourd'hui vendu à 400 000 exemplaires. Le tout pour un chiffre d'affaires en progression de 30% par rapport à l'année précédente. Dans une profession en crise, cette réussite frise l'insolence. Rencontre avec Francis Esménard, PDG heureux, dans une rue calme de Montparnasse.
Quels sont vos liens familiaux avec le fondateur de la maison Albin Michel?
C'est mon grand-père maternel. Albin Michel a eu une seule fille, ma mère, qui a épousé un monsieur Esménard. Quand il est mort, j'avais 7 ans. C'était en 1943 et la maison connaissait des jours difficiles. Mon père, qui travaillait déjà avec mon grand-père, a été arrêté deux fois par la Gestapo, et la deuxième, c'est Benoist-Méchin, auteur de la maison, qui a dû le faire sortir. Albin Michel est l'un des seuls éditeurs qui n'ait reçu aucun blâme à la Libération.
Etre éditeur a-t-il été pour vous une vocation?
Je ne m'en souviens pas mais il paraît que je disais, quand j'étais petit: je sera