Ramon J. Sender, L'AIMANT, traduit de l'espagnol par Jean-Pierre
Ressot. Imprimerie nationale, 367 pp., 160 F.
Une guerre oubliée, celle que les Français et les Espagnols menèrent dans le Rif dans les années 20, contre les rebelles marocains d'Abd-el-Krim. Une guerre colo- niale à l'orée du désert. Une simple opération de pacification qui se transforme en déroute. Le désastre d'Anoual en 1921, avec la guerre perdue de Cuba en 1898, résonnent encore aujourd'hui comme l'écho du déclin de la puissance coloniale espagnole.
Anoual, c'est aussi une catastrophe humaine où douze mille Espagnols perdirent la vie sous les coups des rebelles. Le récit de Ramon J. Sender, qui se veut réaliste, devient très vite une hallucination collective. «L'imagination y est pour bien peu pour rien, en réalité», écrit Sender dans sa préface. «N'importe lequel des deux cent mille soldats qui, de 1920 à 1925, sont passés par là pourrait le signer... Ce livre n'a pas d'intentions esthétiques ni de prétentions littéraires. Simple et vrai, il tente de raconter la tragédie du Maroc telle qu'a pu la voir n'importe quel soldat parmi ceux qui ont fait cette campagne avec moi. C'est à eux que je dédie ces notes, écrites aussi, à l'époque, avec la voix du paysage africain dans mes oreilles.»
Le paysage africain («la sécheresse calcaire des déserts qui entourent la position et ferment l'horizon, sans un arbre, sans un oiseau») rythme le récit à chaque étape. La préface de Sender est un mensonge. Il a bien comba