Faut-il ou non instituer un prêt payant dans les bibliothèques
publiques? Apparemment anodine, la question est pourtant au centre, depuis deux ans, d'une polémique qui agite les milieux du livre. Soutenue par nombre d'éditeurs, de libraires et de sociétés d'auteurs, cette idée est en revanche combattue par d'autres éditeurs, notamment pour la jeunesse, et surtout par les bibliothécaires, au nom du libre accès à la culture. Commandé par les pouvoirs publics et les organisations professionnelles, le rapport de l'Observatoire de l'économie du livre, qui vient d'être rendu public, ne tranche pas dans la querelle. Prudent, il se conten- te de proposer une synthèse, utile, sur le profil des usagers de bibliothèques, et d'affirmer que les logiques de l'achat et de l'emprunt de livres ne se recoupent pas.
Ce dernier point, s'il se vérifie, ne satisfera pas les partisans de l'institution d'un droit de prêt. Car leur argumentation, née de la crise du livre et confortée par une directive européenne d'octobre 1992 en faveur de l'institution d'un droit de prêt, repose sur deux constats: d'une part, la multiplication, dans des proportions alarmantes ces dernières années, du «photocopillage» à l'école et l'université, et d'autre part, avec l'augmentation notable depuis dix ans du nombre des bibliothèques, une part de plus en plus grande du prêt dans la diffusion du livre: 103 millions de livres prêtés en 1991, soit une augmentation de 75% par rapport à 1980, pour environ 300 millions de livr