François Rabelais, LES CINQ LIVRES, édition de Jean Céard, Gérard
Defaux, Michel Simonin, Le Livre de Poche, «Classique modernes» (reprise des «Bibliothèque classique» nos 700, 701, 710), 1 618 pp., 165 F; oeUVRES COMPLÈTES, édition Mireille Huchon et François Moreau, Gallimard, La Pléiade, 1 888 pp., 440 F.
Lire Rabelais dans le texte, d'un bout à l'autre et sans tricher, est l'exemple même des bonnes résolutions de lecture qu'on tient rarement. Avec la parution de deux éditions de référence, l'une au Livre de Poche, dirigée par Jean Céard, Gérard Defaux et Michel Simonin, l'autre dans la Bibliothèque de la Pléiade, due à Mireille Huchon et François Moreau, c'est le moment de passer à l'acte. Car l'oeuvre de Rabelais appelle le commentaire, la note en bas de page, l'explication philologique. Son encyclopédisme, celui de l'humanisme, ses inventions verbales, ses énigmes nous reviennent ici expliqués, c'est-à-dire, au sens étymologique, redépliés dans le tissu d'une époque: Erasme, l'évangélisme, l'Antiquité, la culture populaire, l'histoire de l'édition, l'affaire des Placards, la rivalité François Ier-Charles Quint, le droit et la médecine. Aussi chacun de ces volumes offre-t-il pratiquement autant de notes que de texte.
Contemporain de la première grammaire Ce n'est qu'à partir du début du siècle que Rabelais a commencé à être lu à sa place, que l'image toute d'Epinal d'un Rabelais paillard a commencé à se dissoudre. Des chercheurs comme Abel Lefranc puis V.-L. Saulnier se s