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Libération
Critique

""Les filles de Marianne""- Les bonnes élèves de la République

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publié le 30 mars 1995 à 1h43

Christine Bard, LES FILLES DE MARIANNE, HISTOIRE DES FÉMINISMES,

1914-1940. Fayard, 528 pp., 168 F.

Ce n'est qu'en 1944, on le sait, que les Françaises accédèrent à la citoyenneté. Ce retard, d'autant plus paradoxal que la France a toujours incarné aux yeux du monde une sorte de magistère démocratique, fut généralement imputé à la faiblesse, voire au «néant» des mouvements féministes français durant l'entre-deux-guerres, ces années décisives qui virent les Anglaises, les Espagnoles ou les Turques obtenir, entre autres, l'égalité des droits. Communément avancé, l'argument reposait cependant sur une connaissance parfois sommaire de la question. En proposant, avec les Filles de Marianne, une solide étude sur la nébuleuse féministe et son action dans la France de 1914 à 1940, Christine Bard vient aujourd'hui offrir sur ce sujet une approche raisonnée et en grande partie renouvelée.

Car l'ouvrage, s'il demeure discret sur le poids ou la représentativité effective des divers mouvements féministes, montre cependant que ceux-ci connurent alors un réel dynamisme. Plus de quatre-vingts associations, cercles, comités ou réseaux de soutien! Une complexe et très mobile galaxie, dont l'auteur s'est attachée à prendre la mesure à l'aune de ces nombreuses archives que les militantes, soucieuses de leur mémoire, réunirent dès les années 20, mais aussi de celles d'une institution policière très attentive à l'agitation jugée radicale de certaines suffragistes ou néo-malthusiennes. Sans doute la p