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Libération

West en Est : ""Le pavillon des brumes oranges""

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publié le 6 avril 1995 à 4h23

Paul West, LE PAVILLON DES BRUMES ORANGE,

traduit de l'anglais par Jean-Pierre Richard, Gallimard, «Du Monde entier», 294 pp., 140 F.

Paul West a toujours vu grand. Né il y a soixante-dix ans à Sheffield, au coeur du pays minier anglais, il a choisi l'Amérique comme cadre d'une vie qui se partage à Ithaca, où il est le voisin d'Alison Lurie, entre l'écriture ­romans, essais, autobiographie, critique littéraire­ et l'enseignement dans des universités de renom: Pennsylvanie et Cornell.

L'oeuvre romanesque de Paul West, qui se dit l'ennemi juré du minimalisme un peu trop en vogue, selon lui, chez ses confrères américains, a également choisi d'embrasser de vastes horizons. Le Médecin de Lord Byron (1900) nous entraînait sur les bords du lac Léman, dans le secret reconstitué des empoignades littéraires, désormais légendaires, opposant le poète Shelley, son épouse Mary ­l'auteur de Frankenstein­ et le curieux Polidori, vampirisé par son illustre client Byron. Avec les Filles de Whitechapel, c'est un fait divers symptomatique de la folie du XIXe siècle puritain, que West, l'année suivante mit en scène. Ces deux livres, plus encore que l'Homme au rat, paru précédemment, ont montré l'obsession qui gouverne un écrivain sans limites et doué d'un goût prononcé pour l'excès comme symbole de la fusion entre le destin de l'homme et la mission du roman. Pour Paul West, celui-ci doit être le miroir de la furie qui, régulièrement, force les individus à sortir de leurs gonds. Dans le Palais de l'