«Un livre qui nous a fait le plus grand bien», et auquel on revient
comme à un bréviaire: l'Almanach d'un comté des sables d'Aldo Leopold n'a pas laissé indifférent J.M.G. Le Clézio qui en écrit la préface au Nouveau Mexique, dans les lieux mêmes où ce pionnier américain de l'écologie bâtit, à partir de 1922, l'un des premiers sanctuaires de vie sauvage du Sud-Ouest. Né en 1887, Aldo Leopold se passionne dès l'enfance pour l'ornithologie. Il fréquente à Yale le premier institut pour l'enseignement supérieur de la foresterie aux Etats-Unis. Ayant rejoint l'Office américain des forêts, il devient responsable des 500.000 hectares de la Kit Carson National Forest et, en 1933, il est nommé à la toute nouvelle chaire de gestion du gibier de l'université du Wisconsin, poste qu'il conservera jusqu'à sa mort en 1948.
La matière de l'Almanach d'un comté des sables, publié un an après sa mort, est essentiellement le temps, ce qui en fait avant tout un traité des changements. Ce qui change pour revenir au bout d'un an depuis... le pleistocène, les transformations irréversibles que l'économie et la mécanique conjuguées infligent à la terre, mais aussi ce qu'il faut changer en l'homme pour arriver à sauver, sinon la nature, au moins quelques bribes de sauvagerie. Les mois s'égrènent: la mouffette sort de sa tanière en janvier; les oies sauvages annoncent la nouvelle saison en mars; en avril, la bécasse débute ses deux mois de danse céleste, pour essayer de conquérir sa dame invisible et qu