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Critique

En plein coeur du paysage : ""Les raisons du paysage""

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publié le 13 avril 1995 à 3h06

Philosophie.Un essai d'Augustin Berque pour décliner les règles qui

rendent possible le passage de la notion d'environnement à celle de paysage.

Augustin Berque, LES RAISONS DU PAYSAGE. Hazan, 192 pp., 150 F.

Les artistes peignent des «paysages»: aussi figuratifs et réalistes soient-ils, leurs tableaux ne restituent pas une vision neutre et objective de la nature environnante. Pour devenir un «paysage», l'«environnement» est décomposé et recomposé par l'artiste, déformé selon des critères esthétiques particuliers, qui varient d'une époque à une autre et d'une civilisation à une autre. A l'extrême, il faudrait même dire qu'un paysage n'existe pas vraiment. En tout cas, il est moins une vue des choses sensibles qu'une vue de l'esprit. Les Raisons du paysage d'Augustin Berque est donc un essai «métaphysique», dans lequel il faut entendre «raisons» dans le sens mathématique d'un ensemble de «rapports»: l'auteur y décline les «règles» qui rendent possible le passage de la vision d'un «environnement» à celle d'un «paysage».

Ces règles qui «font parler à nos sens, et d'abord à notre vue, les formes qui nous entourent», pourraient bien être universelles, même si elles génèrent des perceptions aussi contrastées que les bocages du Cotentin, les rizières de la Casamance ou les alpages du Tyrol. Augustin Berque en trouve la confirmation dans les sciences cognitives qui soutiennent l'existence d'un «couplage structurel du sujet percevant et de l'environnement perçu». La phénoménologie est ég