Fin lettré, amateur de Kerouac comme de Robbe-Grillet, l'Aborigène
australien Mudrooroo, avec «le Maître du rêve-fantôme», mêle réalisme et magie au nom du post-modernisme.
Mudrooroo, LE MAITRE DU REVE-FANTOME. Traduit de l'anglais (Australie) par Christian Séruzier. Editions de l'Aube, 200 pp., 120 F.
Dès les premières pages, nous sommes prévenus: «Ce qui constitue, dans un système particulier de signes, le comble du raffinement peut paraître à d'autres simplement primitif.» L'avertissement, en l'occurrence, fait référence aux peintures corporelles dont se couvrent Jangamuttuk le sorcier et son posse: hommes et femmes de ce petit clan d'Aborigènes, regroupés sous la tutelle d'un missionnaire anglais à la fin du siècle dernier, ont peint sur leur peau noire uniformes de marine ou corsages de dentelle. Ces «peintures corporelles prétendaient refléter la mode européenne, civile et militaire. En travers de la poitrine, ils portaient les rayures des vestes d'uniforme; les revers, les boutons jusqu'aux poches , tout avait été peint avec un sens surprenant du détail». S'ils avaient été présents, note le narrateur, des Européens auraient été surpris. Et «il est très probable qu'ils n'eussent pas su déchiffrer les signifiants». Faisons confiance à l'auteur, Mudrooroo, dont le roman, le Maître du rêve-fantôme, est le premier d'un écrivain aborigène-australien traduit en français. C'est, peut-être inconsciemment, une clé qu'il donne à ses lecteurs européens.
Entre fantômes et rêves tot