Des enfants sous une autre étoile
Comment, rapporte en témoin actif Vivette Samuel, près de 10 000 enfants juifs furent sauvés pendant la dernière guerre des griffes des autorités françaises, qui voulaient les livrer aux Allemands.
Vivette Samuel, SAUVER LES ENFANTS.
Liana Levi, 234 pp., 140 F.
«Fébrilement on avertit les parents et on obtint, à force de persuasion, leur autorisation de prendre la garde des enfants (...). Au moment de la séparation, les parents faisaient preuve d'une dignité et d'un calme admirables. Presque tous nous firent part de leurs dernières volontés, remirent leurs bijoux et leurs hardes à leurs enfants, et exprimaient souvent leurs voeux quant à l'éducation et à l'avenir. Beaucoup bénirent leurs enfants d'une formule biblique. Et ils leur demandaient d'être courageux, dignes de leur qualité de Juif, et de ne pas les oublier. Et d'un geste brusque, ils s'en retournaient pour cacher leur émotion. Pas une de ces mères ne revint sur ses pas.»Dans son livre Sauver les enfants, Vivette Samuel rapporte ce témoignage du docteur Weill, de l'OSE, sur cette nuit du 28 août 1942 à Vénissieux. La police française vient de rafler un millier de juifs étrangers réfugiés en zone libre et s'apprête à les livrer aux Allemands. Mais le télégramme infâmant de René Bousquet donnant l'ordre de déporter aussi les enfants de moins de 15 ans n'est pas encore arrivé. Les délégués de différentes oeuvres l'OSE (oeuvre de secours aux enfants fondée en 1912 pour venir en aide aux J