Perechodnik le maudit
La confession sans complaisance ni apitoiement d'un Juif polonais qui, sous la contrainte, participa à la machine d'extermination nazie.
Calel Perechodnik, SUIS-JE UN MEURTRIER?
Traduit du polonais par Aleksandra Kroh et Paul Zawadzki, préface et notes d'Annette Wieviorka et Jacques Burko. Editions Liana Levi, 320 pp., 150 F.
Le ton, testamentaire, est celui d'un homme qui sait la mort proche: «Un beau jour, on m'amènera dans un champ, on m'ordonnera de creuser ma propre tombe, de me déshabiller, de m'y coucher, et je mourrai rapidement d'une balle de revolver. La terre sera aplanie, un paysan la labourera, y sèmera du froment ou du seigle. J'ai assisté à tant d'exécutions que je n'ai qu'à fermer les yeux pour voir les détails de ma propre mort.» Calel Perechodnik écrit ces mots entre le 7 mai et le 19 août 1943, période pendant laquelle il rédige ses mémoires. Juif polonais de 27 ans, il vit alors caché dans la partie aryenne de Varsovie. De toute sa famille, il pense alors être le seul, avec sa mère, à avoir survécu. Il mourra du typhus un an plus tard, dans les décombres de Varsovie insurgée. Auparavant, il a pu confier son manuscrit à un ami polonais, un «juste» qui le transmettra après-guerre au frère de Calel, rescapé qui vit aujourd'hui en Israël.
Calel Perechodnik était un homme ordinaire, «un parmi des millions de pauvres gens qui sont nés juifs, sans le vouloir et pour leur malheur». D'où vient alors que son témoignage n'ait pas servi à l'édifi