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Libération
Critique

Questions de distance : ""L'individu incertain""

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publié le 4 mai 1995 à 5h17

Questions de distance

Sociologie. A travers l'usage de la drogue et la banalisation télévisuelle de la vie privée, une coupe tranversale, par le sociologue Alain Ehrenberg, des confusions contemporaines: «l'Individu incertain».

Alain Ehrenberg, L'INDIVIDU INCERTAIN.

Calmann-Lévy, «Essai société», 352 pp., 140 F.

Qu'est-ce qu'être normal? Qu'est-ce qu'être soi-même? A partir de quelles limites ne l'est-on plus?» C'est à des questions de cette nature (et à bien d'autres) que veut répondre Alain Ehrenberg dans l'Individu incertain, deuxième volet de son enquête sur la subjectivité en France, le premier s'intitulant le Culte de la performance (Calmann-Lévy, 1991). D'un livre à l'autre on est passé de l'individu conquérant à l'individu souffrant, pourtant «l'un ne succède pas à l'autre, ils sont deux facettes du gouvernement de soi», et ensemble signalent un changement profond dans les relations entre le privé et le public. Ce changement, Alain Ehrenberg va l'explorer en procédant à «une coupe tranversale» de deux laboratoires de nos confusions: «La restauration de la sensation de soi, que procurent les drogues ou médicaments psychotropes, et la reconstruction de l'image de soi, qu'offre la télévision depuis quelques années.» Rapprochement à première vue incongru entre deux objets hétérogènes, pourrait-on dire, mais qui relève en revanche d'une stratégie de longue haleine pour bâtir «une anthropologie critique de la démocratie», par le biais justement d'une pratique de la sociologie