Lichtenstein, du très grand art
En un album, la toile géante en forme de puzzle bourré de références, commandée par une compagnie d'assurances au pape du Pop Art.
Calvin Tomkins, L'ART DE ROY LICHTENSTEIN. Photographies et interview de Bob Adelman, traduit par Anne Le Bot-Euro Texte.
Altinéa, 128 pp., 180 F.
Pour faire le point sur l'un des papes du Pop, né en 1923 à New York où il vit toujours, autant voir grand. Mural with Blue Brushstroke de Roy Lichtenstein s'étale sur cinq étages et 21x10 mètres dans le hall de l'Equitable Tower à Manhattan. Achevée sur commande de l'Equitable Life Assurance Society of the United States (rien de moins) en janvier 1986, après six semaines de réalisation et des mois de conception, la Fresque au coup de pinceau bleu se (dé)compose comme un puzzle. «En mettant tous les peintres dans ma fresque, je fais faire des économies à Equitable», commente l'artiste, fin analyste. Un baigneur de Léger, une algue de Matisse, mais aussi des mouchetures façon Pollock, des aplats d'Elsworth Kelly, et des emprunts à Stella, à De Kooning, à Jasper Johns autant qu'à Moore ou à Arp avec assez d'autocitations pour équilibrer ces références. Soit un résumé de cent ans d'histoire de l'art et une mini-rétrospective personnelle, tout ça pour faire un Lichtenstein.
«Tous les peintres ont une approche personnelle de la peinture. Chaque élément de l'oeuvre n'existe que par sa place dans la vision globale de l'artiste. (...) Les différents éléments sont unis par un point