Veyne, la vie, l'amour, la mort
Le livre-entretien avec l'historien du monde grec ne contient pas des propos de salon sur tout et rien, même si Paul Veyne sort de ses compétences et prend pour thème «le Quotidien et l'intéressant».
Paul Veyne, LE QUOTIDIEN ET L'INTÉRESSANT. ENTRETIENS AVEC CATHERINE DARBO-PESCHANSKI.
Les Belles Lettres, 322 pp., 125 F.
Ceux qui ne sont pas philosophes de métier peuvent toujours se targuer d'avoir leur «petite» philosophie. Des savants des disciplines les plus diverses, des sciences humaines aux sciences «dures», profitent de leur succès médiatique pour publier, un jour ou l'autre, un ouvrage du genre: franchissant allègrement la frontière de leur compétence professionnelle, ils se font un plaisir de donner leur avis sur tout, en prenant la pose de l'«intellectuel» supposé avoir des lumières originales sur les sujets les plus graves, sociaux, politiques, économiques. Un plaisir qui se pare vite, du coup, d'un sens du devoir: à leurs yeux, leur parole est «utile»; elle présente un «intérêt» qui fonde la vraie légitimité de sa publication. Or il est rare qu'une «petite» philosophie vaille mieux qu'un chapelet d'opinions personnelles, toujours discutables et pas tellement éclairées. Le dernier ouvrage portant la signature de Paul Veyne, le Quotidien et l'intéressant, prend le risque de donner pleinement dans cette forme littéraire.
«Un sceptique nietzschéen»
Sur la couverture, on lit en petits caractères: Entretiens avec Catherine Darbo-Peschanski. C