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Libération
Critique

La Globologie de Goblot : Histoire littéraire. Par Jean-Jacques Goblot, l'histoire de la revue «le Globe» qui, au début du XIXe siècle, fit émerger en France la figure de l'intellectuel. Jean-Jacques Goblot, LA JEUNE FRANCE LIBERALE. LE GLOBE ET SON GROUPE LITTERAIRE (1824-1830). Plon, 710 pp., 198 F.

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publié le 18 mai 1995 à 4h55

Fondé en août 1824 par Pierre Leroux, ouvrier typographe et

précurseur du socialisme, et par Paul-François Dubois, jeune normalien proscrit de l'Université, le Globe, journal philosophique et littéraire, joua jusqu'en 1830 un rôle considérable dans la vie culturelle du pays, exerçant auprès de ceux que Stendhal nommait «la classe pensante», un véritable magistère intellectuel. Romantiques en littérature, adeptes en philosophie du «spiritualisme rationnel» de Victor Cousin et en histoire des théories d'Augustin Thierry, les Globistes s'attachèrent en fait à seconder partout le «mouvement naissant vers les idées nouvelles». En politique, ils étaient libéraux, de ce libéralisme «passif» et optimiste, vigoureusement antidémocratique, et qui voyait dans la Charte de 1814 la traduction légale de l'esprit de 89.

Toujours très à l'écoute de l'étranger et des départements, le Globe réalisa ainsi une remarquable conjonction du politique, du littéraire et du philosophique, qui, selon le mot de Rémusat, savait unir «la solidité d'un livre à la rapidité d'un journal». La révolution de 1830 marqua brutalement la fin de l'entreprise et la dispersion du groupe. Alors que de nombreux Globistes accédaient à de hautes responsabilités dans le régime nouveau (ce qui valut au journal un tenace discrédit), Pierre Leroux se tourna vers les saint-simoniens et lança avec eux un Nouveau Globe qui parut jusqu'en avril 1832.

Fort d'une fréquentation assidue des collections du journal et d'une très riche do