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Critique

Lacan dénoué : Psychanalyse. Du «retour à Freud» à la «déconstruction» finale, en passant par les noeuds borroméens, une dissection critique et une lecture philosophique de la pensée de Lacan par le linguiste Jean-Claude Milner. Jean-Claude Milner, L'oeUVRE CLAIRE. LACAN, LA SCIENCE, LA PHILOSOPHIE. Seuil, 173 pp., 99 F.

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publié le 18 mai 1995 à 4h56

Je ne me propose pas d'éclairer la pensée de Lacan. Je n'ai ni

autorité ni qualification pour cela.» C'est par cette boutade en forme de dénégation que s'ouvre le nouveau livre de Jean-Claude Milner. Philosophe et linguiste, l'auteur a en effet toutes les qualités requises pour commenter ce qu'il appelle l'oeuvre claire de Jacques Lacan et dont il situe les enjeux entre science et philosophie.

On sait qu'à partir de 1950, s'appuyant sur les travaux de Claude Lévi-Strauss et de Roman Jakobson, Lacan effectue une relève des principaux concepts freudiens. Il appelle «retour à Freud» une démarche consistant à sortir l'oeuvre viennoise de son ancrage biologique pour l'éclairer à la lumière des découvertes de la linguistique. Il construit donc une nouvelle topique (le symbolique, le réel, l'imaginaire) qui lui permet de définir un inconscient «structuré comme un langage» et un concept de sujet absent de la démarche freudienne.

A partir de 1965, après la rencontre avec les élèves de Louis Althusser regroupés autour de la revue les Cahiers pour l'analyse, se produit un virage conduit en 1970, à l'apparition de la notion de mathème. Il s'agit alors de définir les conditions d'une possible transmission intégrale (c'est-à-dire formelle et mathématisable) du discours psychanalytique, notamment à l'Université. Enfin, avec l'utilisation de la topologie et des noeuds borroméens, Lacan, durant les dernières années de sa vie, déplace ou défait de façon radicale l'organisation logique de sa prop