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Critique

Tableaux parisiens : Les cartographies d'un promeneur qui a transformé Paris, par touches successives, harmonieuses et secrètes, en scène de son errance: «Sur le motif», par Hubert Lucot. Hubert Lucot, SUR LE MOTIF, POL, 155 pp., 95 F; BRAM OU SEULE LA PEINTURE, Maeght, 115 pp. , 120 F.

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publié le 18 mai 1995 à 4h56

On me connaît, puisqu'on situe mes livres dans le milieu (social)

d'une littérature dont on affirme qu'elle survit petitement», écrit Hubert Lucot dès les premières pages de Sur le motif, ajoutant, plus désabusé encore: «j'existe mêlé à une masse sous la forme d'une figure qui n'est pas la mienne mais celle, vaguement, de mes livres non lus et confusément assemblés en un spectre qui me contient». Avec une vingtaine de livres publiés, Hubert Lucot conserve l'image de l'écrivain «difficile», euphémisme courant pour signifier qu'on ne le trouvera pas dans toutes les librairies. Décalé et donc intempestif, Hubert Lucot est une trace nostalgique, linguistique et narrative, des années 70, époque où les avant-gardes voulaient faire la révolution en littérature, achever le roman et miner la représentation. Malgré les trahisons et les épidémies d'amnésie ambiantes, Hubert Lucot est resté fidèle à son programme poétique et politique. Il poursuit avec patience une oeuvre labyrinthique, dont le Grand Graphe (Tristram, 1990), un texte de 12 mètres carrés vendus en rouleaux à coller sur un mur, forme la figure limite.

Sur le motif se présente sous la forme d'un journal écrit du printemps 1987 à juin 1989. Ce sont les Souvenirs d'égotisme d'Hubert Lucot, un pan de l'autobiographie qu'il poursuit depuis vingt ans. Le moi qui s'y livre est celui d'un écrivain qui a fait de Stendhal une de ses références, et celui d'un promeneur qui a transformé Paris en scène de son errance. Car Lucot est un c