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Libération
Critique

Félix le chaplinesque. John Canemaker dévoile les intrigues animées qui présidèrent à la naissance d'un minet pas ordinaire, dont le créateur n'est pas celui qu'on pense. John Canemaker, FELIX LE CHAT, la Folle Histoire du chat le plus célèbre du monde. Dreamland éditeur, 198 F.

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publié le 1er juin 1995 à 5h45

Félix n'est pas un chat... Je dirais volontiers que c'est un

sur-chat, car il n'entre dans aucune catégorie du règne animal... Il imite un moment les gestes des hommes parmi lesquels il passe, mais ne s'attarde point chez eux. D'un saut, il atteint le royaume de la fantaisie féerique et il s'y installe... Il lui faut un monde proportionné à ses caprices... il le crée... de sa queue fertile en prestiges et en métamorphoses... il fabrique lui-même les objets dont il a besoin, avec des éléments émanés de lui, ces points d'interrogation et d'exclamation, signes matérialisés de la volonté créatrice...»

Ce vibrant éloge à la gloire du «mythe-chat» (l'irréel de l'homme, l'impossible du chat), Félix le chat ou la poésie créatrice, un texte de Marcel Brion, de l'Académie française ­ et père de Patrick Brion, lui-même auteur de somptueux albums consacrés à des stars du cartoon ­, datant de 1928 (l'année de l'arrivée triomphale de Mickey la souris, qui allait détrôner le matou mime avec l'avènement du parlant), est reproduit in extenso en postface d'un bel album abondamment illustré, traduit de l'américain et retraçant les avatars de la plus célèbre vedette dessinée du temps du muet. Celle-ci suscita un formidable engouement dès l'aube des années 20, qui se poursuivra jusqu'en 1967 dans les publications illustrées (parallèlement à une infinité de produits dérivés), avec de fugitives reprises à l'écran dans les années 30 (d'épigones japonais, tchèques ou américains, et une ultime (?) et b