Dans la littérature de mer, quelque chose relève de l'implacable, du
fatidique, comme si l'immensité de l'océan conférait aux innombrables récits qu'il a engendrés une dimension non seulement épique, mais métaphysique. Edouard Peisson n'est ni Melville ni Conrad, mais à l'image du Sel de la mer, tous ses livres sont empreints de cette déchirure indicible. C'est en 1928 que cet ancien capitaine de la marine marchande, affecté à la Compagnie générale transatlantique de 1914 à 1923, publie sa première nouvelle, Ballero capitaine. Suivront une trentaine de livres presque tous consacrés à la mer et aux marins. Parmi les plus célèbres, Hans le marin (1929), Mer Baltique (1936), le Pilote (1937), et Parti de Liverpool... (1932), son classique.
Né en 1896 à Marseille et mort en 1963 à Ventabren, Edouard Peisson appartient à la même génération provençale que Marcel Pagnol et ou Jean Giono, mais il est aujourd'hui bien oublié, comme ses autres contemporains, Gabriel Audisio ou Louis Brauquier, lui aussi marin au long cours. Peut-être va-t-il rencontrer une nouvelle génération de lecteurs grâce à son éditeur, Grasset, qui entreprend, parcimonieusement il est vrai, de le rééditer. Après Hans le marin, voici le Sel de la mer, paru en 1954 et qui constitue le second volume d'une trilogie commencée par Capitaines de la route de New York (1953) et terminée par Dieu te juge! (1955).
Un récit titanique Le personnage central de cette trilogie est un marin, Joseph Godde, apparu quinze ans plus tôt