Le titre est une formule magique proustienne. A la comtesse de
Noailles qui se rend à Florence, Marcel indique que, s'il devait l'accompagner, il ne sortirait pas, mais qu'il la rejoindrait parfois très tard le soir pour qu'elle lui raconte «comment c'est». Et de compléter sa pensée: «Cela me rendrait très malade mais j'ai besoin de ces châtiments pour interrompre un peu l'épuisant désir de ces choses.» Or, contrairement à son épouse Anne, Jean Deladevèze ne s'arrange vraiment pas de «l'épuisant désir de ces choses»: expression à laquelle l'attelage d'un démonstratif pluriel avec le mot d'un si précieux vague de «choses», donne évidemment toute sa beauté.
Une tentative d'inventaire du monde Jean Deladevèze est éditeur à Paris et, par un très maigre hasard, le principal personnage du nouveau roman de Renaud Camus. Quand on apprend que son chat s'appelle Balladur (et que celui-ci «ronronne de satisfaction pansue»!); qu'il possède un appartement rue de Grenelle et deux châteaux de famille; et qu'il ne supporte pas comme il l'entend faire à la télévision qu'on dise d'un Noir qu'il est écossais, on songe, nous, en bons lecteurs de Libé, que ce Jean Deladevèze est peut-être, allez donc savoir avec ces héros de romans modernes, un vieux con de droite. C'est du reste l'avis de sa fille Claire qui trouve son père «hyper-facho et tout, quand il s'y met». Ainsi le roman de Renaud Camus avance-t-il en canard. Un coup sur deux, un chapitre sur «L'épuisant désir de ces choses»: th