Un certain goût pour la mort à l'anglaise a peu à peu conduit
l'Américaine Elizabeth George à nourrir ses romans à la façon des fictions victoriennes auxquelles les romans policiers de nos reines du crime font de plus en plus songer. Mais le cas de Miss George relève d'une sophistication particulière: son septième roman, Un goût de cendre, ne saurait être confondu avec ceux de P.D. James ou Ruth Rendell, même s'il fait irrésistiblement penser à un livre qu'eussent écrit en collaboration ses deux illustres consoeurs.
Comme les six premiers, cet ouvrage met en scène deux limiers de Scotland Yard, l'inspecteur Lynley et le sergent Havers. Lynley est un aristocrate tourmenté, célibataire malgré lui, tandis que Barbara Havers, une grosse fille disgracieuse et non moins perturbée que son collègue, tente de recoller les morceaux d'une vie familiale à faire peur. Tous deux incarnent une lutte des classes éternelle, qu'Elizabeth George met à profit pour nourrir des intrigues se déroulant dans tous les milieux «chauds» de la société anglaise contemporaine. Depuis Enquête dans le brouillard, on serait enclin à qualifier de procédé la manière de la romancière, si elle ne s'avérait aussi convaincante... C'est que les obsessions dont se pare la fiction d'Elizabeth George un terrifiant mal-être de l'ensemble de ses personnages s'accordent admirablement aux intrigues et aux lieux décrits dans ses livres.
Un patient travail de repérages conduit chaque année cette romancière californienne su