Menu
Libération
Critique

La blessure de Tammuz. Littérature. De Londres à Madrid en passant par Tel-Aviv, les jeux amoureux d'un agent secret, par l'Israélien Benjamin Tammuz, disparu en 1989 et hanté par l'incompréhension entre Juifs et Arabes: «le Minotaure». Benjamin Tammuz, LE MINOTAURE, traduit de l'anglais par Françoise Vernan. Le Serpent à Plumes, «Motifs», 232 pp., 35 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 8 juin 1995 à 5h35

Ecrivain israélien disparu à l'âge de 80 ans en 1989, Benjamin

Tammuz n'a guère eu l'opportunité de conquérir le public français. Auteur d'une dizaine de romans traduits dans le monde entier, longtemps directeur des pages littéraires du quotidien Ha'aretz, parachuté en 1979 attaché culturel auprès de l'ambassade d'Israël à Londres, il s'offrit juste une petite devanture posthume à l'occasion de la parution du Caméléon et le Rossignol, aux éditions Actes Sud. Aujourd'hui, il revient avec une réédition en poche du Minotaure, publié une première fois en 1982 aux éditions Buchet-Chastel.

Divisé en quatre parties, le Minotaure emmène son lecteur dans un carrousel à travers le temps et l'espace. Tout commence par un jour de pluie lorsqu'un agent secret, résidant à Londres, grimpe dans un bus et tombe en pâmoison devant le beau visage de Théa. Quelque temps après ce coup de foudre, une lettre d'amour signée du pseudonyme de Franz Kafka atterrit dans la boîte aux lettres de la jeune fille. Commence alors pour ces deux tourtereaux qui s'ignorent un savant jeu de l'amour et du hasard qui se complique lorsque Théa, lasse d'attendre ce chevalier sans visage, se décide à épouser un jeune anglais, G.R., aussi riche que stupide. Sans effets de style, avec cette écriture cristalline qui distille à chaque phrase sa petite dose de bonheur, de simplicité, de fragilité, Benjamin Tammuz tisse sa toile. Vagabond, il nous entraîne de Madrid à Londres, d'Alexandrie à Tel-Aviv. Il s'attarde en Israël,