Depuis longtemps Jacques Réda part en Solex à la découverte des départementales et des vicinales, les sacoches pleines de livres, de bouteilles et de soldats de plomb. Ça fait aussi un bail que ce piéton arpente Paris, attiré par les quartiers encore ruraux, les «zones qui ne sont plus déjà des faubourgs» et «pas encore la campagne». De ses périples motorisés et de ses équipées urbaines, il a ramené des livres (Hors les murs, le Sens de la marche, Le bitume est exquis, Aller aux mirabelles ») au parfum de Solexine et d’aventure. Equipées buissonnières dont les accessoires indispensables sont la carte, la boussole, le couteau suisse, une solide provision de biscuits, sans oublier, bien sûr, le vélo, ce «prolongement métallique de notre squelette», disait Alfred Jarry.
Jacques Réda a exploré tous les arrondissements de la poésie et de la capitale. Il a fait de Lunéville, où il est né en 1929, Paris, Dublin, Lisbonne, Athènes" une seule ville où s'écrit son histoire. Mais sa ville est mentale et sentimentale. Jamais donnée, on ne la trouve qu'au travers des ruines et des quartiers désaffectés. Aussi, entre le lieu où l'on est et le lieu où l'on va, Réda préfère-t-il les lieux par où l'on passe. «Si l'univers n'a aucun centre ("), n'importe quel endroit peut tenir provisoirement ce rôle de milieu absolu.»
Une chemise qui sèche Ainsi, au cours de ses pérégrinations, est-il constamment à l'affût, attendant que le banal se transforme en insolite. Que la poésie se manifeste en une pré