Menu
Libération
Critique

Par-dessous la jambe. Quelque 40 000 jeunes filles françaises font partie d'une troupe de majorettes. Sébastien Darbon s'est penché en ethnologue sur ces corps offerts aux regards de tous et soumis en même temps à une attitude morale qui tolère peu de débordements. Sébastien Darbon, DES JEUNES FILLES TOUTES SIMPLES. Ethnographie d'une troupe de majorettes en France. Jean-Michel Place, 264 pp., 150 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 15 juin 1995 à 6h11

Tout le monde a ne serait-ce qu'entrevu des majorettes en parade,

mais existent-elles vraiment? et depuis quand? et pour combien de temps encore? C'est à ce type de questions sur un «phénomène social caractérisé par une forte dénégation» que veut répondre Sébastien Darbon avec Des jeunes filles toutes simples. Ethnographie d'une troupe de majorettes. Il est étonnant, en effet, que cette activité vouée programmatiquement à la visibilité, voire à l'exhibition, n'ait pas attiré d'emblée l'attention des chercheurs en sciences sociales. Le phénomène est pourtant significatif: non moins de quarante mille jeunes filles font partie des troupes de majorettes en France, chiffre auquel il faut ajouter un nombre important de parents et d'organisateurs intéressés de près ou de loin à cette pratique populaire à la croisée du festif et du sportif.

La reconstitution historique d'un «objet» si peu travaillé a avancé au même rythme que l'enquête empirique, se confondant souvent avec elle. Ainsi, Sébastien Darbon a cantonné son «terrain» à la troupe de majorettes emblématique de Limoges. Par-delà la modestie du propos, cette étude parvient à dégager les significations plus générales d'une activité sociale dont le but, à première vue, est d'exposer le corps relativement dénudé de jeunes filles parées d'un habillement vaguement militaire et évoluant en des exercices (et musiques) plus ou moins martiaux.

L'apparition des majorettes est récente en France, mais aussi aux Etats-Unis, leur pays d'origi