On a oublié qu'au début de ce siècle, les genres populaires
français, et singulièrement le fantastique et l'anticipation, étaient très prisés du public anglo-saxon. A Hollywood, D.W. Griffith tournait les pièces du Grand-Guignol signées André de Lorde, tandis que le public se régalait des romans de Gaston Leroux. Il est vrai que les Anglais et leurs cousins d'Amérique ont toujours eu un faible pour la nouvelle, genre à présent totalement asphyxié sous un diktat absurde des éditeurs français. C'est ainsi qu'en dépit de la persévérance quasi anachronique d'un Noël Devaulx, auteur de Avec vue sur la zone et de l'Auberge Parpillon, peu d'écrivains se risquent encore dans un genre où excellait pourtant, il y a quelques années, Pierrette Fleutiaux. Alors, il faut ruser.
C'est ce qu'a fait, semble-t-il, un inconnu nommé Jean-Daniel Brèque, dont le nom, pourtant, est familier aux amateurs de fantastique anglo-saxon: depuis quelques années, il traduit Stephen King, Clive Barker et Dan Simmons, et il faut avoir lu ces auteurs en version originale pour mesurer l'ampleur, parfois, de son travail. La fréquentation de ces monstres sacrés de l'Horreur a peu à peu agi sur l'imagination de leur contemporain français il a le même âge que Stephen King , le poussant à s'essayer au fantastique. Après une première nouvelle parue en 1984 dans la défunte revue Fiction, qui fut pendant trente ans le seul vivier de l'imaginaire littéraire français hors normes, c'est à une anthologie publiée en Belgi