L’enfermement, par les Français, des Juifs étrangers dans des camps d’internement longtemps niés, occultés ou oubliés fait désormais partie de l’histoire de France. C’est donc avec le soutien de la Mairie d’Orléans que le Centre de recherche et de documentation sur les camps d’internement et la déportation juive dans le Loiret (Cercil) publie maintenant les lettres d’Isaac Schoenberg, 33 ans, jeune homme interné du 14 mai 1941 au 25 juin 1942 au camp de Pithiviers. Quelque 141 lettres sorties clandestinement du camp racontent la vie quotidienne à Pithiviers et l’état d’esprit des Juifs sous l’Occupation. Intellectuel amoureux, artiste, «Iso» comme il signe essaie d’analyser la situation avec des critères d’intelligence qui ne peuvent évidemment pas s’appliquer à la folie hitlérienne. Il écrit avant tout des lettres d’amour, à Chana, 28 ans, Juive polonaise avec qui il a une liaison depuis deux ans.
«Iso» a été pris dans le filet de la grande rafle de 1941, opérée par les policiers français en vertu des nouvelles lois antisémites de Vichy. Il se retrouve à Pithiviers avec 3 700 Juifs étrangers: né à Colmar en 1907, dans l'Alsace encore allemande, de parents polonais, le jeune Schoenberg n'est ni allemand, ni polonais, ni français. Sans nationalité pour l'administration française, indésirable, condamné. Pourtant, il ne se sent pas très juif, plutôt parisien. Ses lettres nous rappellent ce que représentait Paris pour les artistes entre les deux guerres, une ville dont il