Le principal problème des services secrets réside dans leur
relation, le plus souvent perverse, avec le pouvoir politique. Parce qu'il agit hors du regard de ses concitoyens, le bras caché des Etats peut se permettre de ne point requérir d'instructions auprès des détenteurs de l'autorité publique. Laquelle s'en porte en général très bien, tant qu'un pépin ne vient pas gripper la machine. L'un des plus prolifiques parmi les anciens responsables des services secrets français, Paul Paillole, s'interroge à son tour, dans le troisième ouvrage qu'il consacre aux affaires qu'il a connues, sur cette relation étrange qui unit les dirigeants politiques et leurs espions.
Lui, bien sûr, est un vieux de la vieille. Quatre-vingt-dix balais bien tapés, une carrière militaire étonnamment remplie, commencée à Saint-Cyr en 1925 et marquée à jamais par une entrée inopinée, à la fin de 1934, au 2e bureau de l'armée, dans la section du contre-espionnnage intitulée 2e Bureau-SR-SCR (Service renseignement - Service de centralisation de renseignements). La description que l'auteur fait de cette administration vieux locaux, effectifs squelettiques, fraternité de jeunes officiers avec les plus anciens rappelle étrangement celles qui avaient été faites, trente-cinq ans plus tôt, du service de contre-espionnage qui avait «forgé» le dossier d'accusation du capitaine Dreyfus. Mais alors que le Front populaire va arriver au pouvoir Paul Paillole note l'appui qu'offrira au service le ministre de la Gue