Chercheur au CNRS, François Burgat est l’un des rares islamisants à avoir pris le contre-pied des thèses «islamiquement correctes» dont le prisme déformant a abouti à une caricature. Ses positions nuancées lui ont d’ailleurs valu d’être traité par un écrivain algérien d’«ami des égorgeurs».
Homme de terrain il a vécu sept ans en Algérie et cinq en Egypte , François Burgat a pu jeter les bases d'un dialogue avec les principaux acteurs de la scène islamiste, tels Hassan al-Tourabi, secrétaire général de la Conférence arabe et islamique, Rached Ghannouchile, leader du mouvement tunisien Ennahda, Adel Hussein, secrétaire général du Parti du travail égyptien, etc.
A ceux qui appellent à faire face, Burgat oppose une nouvelle manière de voir, d'écouter et d'appréhender les choses; selon lui, la diabolisation de l'islamisme relève aussi bien d'un pathos que d'une méprise sur l'histoire ancienne et moderne de l'islam; et s'il y a consensus entre les islamistes, souligne l'auteur, sur la nécessité de restaurer la loi divine sur terre, il y a par ailleurs «conflit des interprétations», chaque mouvement étant traversé par sa propre histoire et par de multiples clivages. Ainsi, ni le formatage des islamistes par les médias occidentaux, ni la manipulation des régimes militaires en Algérie, en Tunisie et en Egypte, ne sauraient rendre compte de la complexité du phénomène. Une nouvelle lecture nous est donc proposée, culturaliste, à rebours de la thèse économiste qui ne voit dans les isla