L'Algérie dans la guerre est le livre de deux partis pris qui
constituent l'intérêt de cet ouvrage didactique et court: faire analyser le conflit algérien par une nouvelle génération celle des futurs chercheurs formés au moule de Sciences po et privilégier avant tout le travail de terrain. L'exercice a un double intérêt: cette jeune génération est en rupture avec une tradition qui consiste souvent à faire de l'islamisme un sujet «à part» et trop brûlant pour qu'on puisse l'analyser sereinement et scientifiquement. La pratique de terrain interdit par ailleurs de facto le manichéisme, puisqu'elle amène à rendre compte de la logique des différents acteurs, un vaccin radical contre tous les simplismes dans un pays aussi complexe que l'Algérie.
Les quatre auteurs réunis par Rémy Leveau, professeur à l'Institut d'études politiques, ont tous travaillé en Algérie: Séverine Labat sur les rapports entre le FIS et le système; Luiz Martinez sur «l'enivrement de la violence» dans les banlieues d'Alger; Omar Steele sur une «économie piégée entre le trabendo (trafic) et l'ajustement»; Myriam Vergès, enfin, sur la socialisation des jeunes («les héros n'ont pas de préoccupations de ce monde»). Cette quadruple vision permet de saisir les différentes facettes du conflit algérien et d'envisager, à partir de là, les scénarios de sortie de crise.
Refusant de se déterminer à partir d'une idéologie qui oppose trop rapidement «barbarie» et «modernité», Rémy Leveau et ses auteurs rendent bien compte