Monique Eleb, sociologue, avec Anne Debarre, architecte, poursuivent l’histoire des architectures de la vie privée qu’elles avaient amorcée dans un précédent ouvrage (1). La période qu’elles traitent ici est d’autant plus intéressante qu’on n’en perçoit pas à première vue les innovations. Pourtant, peu d’années auront été aussi décisives pour l’habitat urbain et les mutations du paysage de Paris, terrain de cette étude. Etude résolument pluridisciplinaire, où l’habitation est considérée comme un produit matériel, fruit des techniques et des matériaux nouveaux, et culturel (syncrétisme des styles), autant qu’expression des rapports sociaux, familiaux, sexuels et générationnels.
Les manières d'habiter sont des tactiques subtiles qui se lisent dans les plans que délivrent recueils destinés à proposer des solutions, et revues abondamment illustrées de planches et de photos. Les traités d'architecture sont, par contre, devenus plus rares, en raison de l'éclatement du modèle haussmannien. Plus de «programme» d'ensemble, mais plutôt des réponses personnalisées à des demandes très diverses, venant de particuliers désireux de confort et de distinction, de sociétés immobilières soucieuses des profits que procurent les «immeubles de rapport», toujours très prisés, de banques ou de compagnies d'assurances qui affichent leur opulence dans les dômes et coupoles d'angle, ces «donjons de la bourgeoisie» dont le boulevard Raspail offre tant d'exemples. Il faudrait y ajouter les grands hôtels,