Menu
Libération
Critique

Ici et après. Politique. Après l'ère Mitterrand, Paul Thibaud tente de réhabiliter le politique, miné selon lui par la «mise en scène egotiste» du pouvoir. Paul Thibaud, ET MAINTENANT... Arléa, 155 pp., 85 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 6 juillet 1995 à 6h31

Paul Thibaud a écrit un essai à la fois stimulant et réconfortant.

Il traite du devenir du politique au terme de quatorze années de mitterrandisme qui en ont singulièrement dévalué le sens, pour toute une série de raisons. «Mitterrand a dévoyé et déraciné la passion nationale pour la politique», déplore d'entrée de jeu l'ancien directeur de la revue Esprit. Il lui reproche sa constante pédagogie du «renoncement politique», et de n'avoir guère «senti aucun des grands drames de son temps». L'auteur reproche à l'ancien président d'avoir fini par convaincre les Français que «le grand politique, c'était simplement celui qui se tirait toujours d'affaire», entraînant ainsi «un constant abaissement de la politique, dissimulée par une mise en scène égotiste du pouvoir et de la jouissance de l'exercer».

La ferveur européenne de Mitterrand s'inscrit pleinement, selon l'auteur, dans cette entreprise de «dépolitisation» nationale. L'Europe a été présentée comme une nécessité à laquelle il convenait de se plier. Cette conception d'une impérieuse obligation européenne a rencontré la préoccupation moderniste d'une large fraction de l'élite dirigeante française. Celle-ci a longtemps compté sur l'Etat pour abattre les archaïsmes de la société. La contrainte européenne lui est ensuite apparue comme un outil de modernisation autrement plus performant. Thibaud y voit la marque de ceux qui, comme Jacques Delors, ont tenté de construire «la France par l'Europe» et qui se rendent compte aujourd'hui