Une mystérieuse épidémie de suicides chez des jeunes toxicos de
banlieue, tous beurs ou blacks, due à une drogue jusque-là inconnue, «la Donna»; une jeune femme juive obsédée par les camps de la mort bien que née vingt ans après la guerre et qui extermine tous les vieux collabos qu'elle retrouve; des meurtres et des tortures en série; et des séances collectives d'ethnopsychiatrie menées dans un hôpital parisien par le docteur Nessim Taieb, qui, à ses heures perdues, résout pour l'inspecteur Musil, un ancien militant communiste reconverti dans la police, des affaires criminelles apparemment inextricables: deux ans après Saraka Bô, Tobie Nathan récidive avec Dieu-Dope, deuxième polar aussi violent et syncopé que le premier, et dont le thème l'immigration, la médecine, la guerre et la dérive de nos continents est pour lui une nouvelle occasion d'affirmer ses convictions de thérapeute à contre-courant de la psychiatrie et de la psychanalyse institutionnelles.
Le docteur Nessim Taieb, le héros, est une sorte d'alter ego romanesque de Tobie Nathan: juif égyptien comme lui et comme lui très influencé par l'extraordinaire brassage culturel et religieux qu'a connu l'Afrique au long des siècles, il consacre son temps et son énergie aux violents traumatismes que crée le déracinement et le mode de vie européen sur les populations migrantes. «Vous autres, Africains, vous êtes rattachés par un élastique», dit-il un jour à un de ses patients. «Plus vous allez loin et plus violemment vous