Dans son livre de mémoire le Cercle sacré, Archie Fire Lame Deer
apporte sa pièce à l'édifice d'une littérature encore hantée par les fantômes des grands chefs indiens, de Crazy Horse jusqu'à Comanche, toute une épopée enterrée un jour de massacre à Wounded Knee.
Fils de Tahca Ushte, déjà auteur du célèbre De mémoire indienne, Archie, élevé par son grand-père sur la réserve de Rosebud, dans le Dakota du Sud, a connu une enfance à la Huckleberry Finn. Une vie sauvage rythmée par l'apprentissage des traditions indiennes, l'amour pour les animaux, et par-dessus tout, le respect envers la nature: «Mon fils, aie la terre pour lit, et les nuages pour couverture.»
La mort de ce grand-père précipitera Archie dans le grand cirque de l'homme blanc où, pour essayer de survivre et éviter de croupir dans ces réserves insalubres installées à la sauvette par l'administration, il s'improvisera, au hasard des rencontres, chasseur de serpents à sornettes, cascadeur à Hollywood, G.I. en Corée. Existence vagabonde dont le seul trait commun durant toutes ces années de perdition sera l'alcool, ce compagnon fidèle et ô combien attachant, chevillé à l'âme assoiffée d'Archie.
Au point d'aligner des records à rendre envieux un Scott Fitzgerald ou un Malcolm Lowry, comme celle d'avoir effectué plus de cinquante tournées dans les prisons américaines pour délit d'ivresse. Ce qui ne l'empêche pas de se précipiter une fois les portes du pénitentier ouvertes dans le premier bar pour se saouler la gueule. Vieil