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Interview

Cabrera Infante, écrits sur le «démon» cubain. En exil depuis 30 ans, le romancier dénonce toujours Castro, «si immoral qu'il en devient obscène».

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publié le 17 août 1995 à 7h25

Guillermo Cabrera Infante n'est pas un écrivain extrêmement prolixe.

Il n'a écrit que deux gros romans, Trois tristes tigres (Gallimard) et la Havane pour un Infante défunt (Seuil), mais aussi une multitude d'essais, de chroniques, de critiques de cinéma et de portraits, littéraires, politiques ou historiques. Des textes qui mélangent réalité et fiction au point d'en devenir inclassables, soumis à la seule vérité de l'écrivain, qui s'implique constamment dans ses histoires. Ainsi en est-il de José Marti, l'un des plus grands poètes d'Amérique latine, mort au combat (suicidé, dit Cabrera Infante) pour l'indépendance de Cuba contre les Espagnols, en 1895. Marti est un mythe intouchable, utilisé tour à tour par tous les gouvernements de l'île, et particulièrement par le dernier, qui l'a placé sur un piédestal. Pour le centenaire de sa mort, Guillermo Cabrera Infante a tracé un portrait parfaitement iconoclaste du poète-héros au cours d'une conférence à la Maison de l'Amérique latine, à Paris, où il refusait de venir depuis 1976, car il estimait n'avoir pas été correctement traité par le monde de la critique et celui de l'édition. En effet, la plupart de ses textes n'ont toujours pas été traduits en français. Cabrera Infante vient de publier en Espagne un recueil de nouvelles où la musique rime avec la répression politique, Delito por bailar el chachacha. Avant de retourner dans son exil londonien, pour lequel il a opté il y a plus de trente ans, il a accepté de parcourir quelque