Le mot «ici», qui est aussi le titre, revient souvent dans votre livre comme le lieu à la fois indistinct et central qui fédère l’ensemble des textes. Où est-ce, «ici»?
Dans mes premiers livres je disais «je». Dans Tu ne t'aimes pas, c'était «nous». Cette fois, c'est «ici». A l'intérieur de nous. Ni je ni nous, mais ici, un espace mental, un espace mental qui est rempli par quelque chose, la recherche d'un mot, une conversation, une rencontre. J'écris sur ce qui se passe ici, dans une conscience en somme, une conscience qui ne se dit pas elle-même. En ce moment, je parle avec vous et vous occupez tout l'espace, nos paroles prennent toute la place. Tandis que je vous parle, je ne me dis pas que je parle avec vous, mais que vous êtes là et que tout ici est rempli par cette conversation.
Toujours les fameux tropismes?
Il n'y a que ça qui m'intéresse. Ces fugaces mouvements intérieurs. Ce qui se passe, par exemple, quand on a oublié un mot, qu'on s'étonne d'une expression convenue ou encore lorsqu'on prononce une belle phrase.
Les premiers textes tentent de cerner ce qu’on appelle les trous de mémoire. A propos d’un prénom rare, par exemple, comme «Philippine»? Pourquoi «Philippine»?
Parce que c'est un prénom que j'ai cherché un jour, c'était celui d'une jeune femme que j'avais connue.
Cela peut être aussi le nom d’un arbre, le «tamaris»?
Cela m'est arrivé aussi. J'étais en Grèce et quelqu'un m'a demandé le nom de cet arbre que nous regardions. Impossible d