Si peu de gens ont lu Jean Galmot, plus nombreux peut-être sont ceux qui connaissent sa vie, par l'intermédiaire du récit qu'en a fait Blaise Cendrars dans Rhum, exclusivement consacré à «l'aventure de Jean Galmot». Jean Galmot méritait bien un biographe du calibre de Cendrars, tant son destin fut peu banal. «C'était un homme grand, mince, félin, un peu voûté. Il n'avait pas bonne mine et ne devait pas peser son poids. Il paraissait très las, voire souffrant. Son teint était mat, le blanc de l'oeil était injecté: Galmot devait souffrir du foie. (") Mais ce qui me frappa le plus dès cette première entrevue, ce fut son regard. Galmot avait le regard insistant, souriant, palpitant et pur d'un enfant"» C'est ainsi que Cendrars décrit Jean Galmot quand il le rencontre en 1919. Député de Guyane et riche homme d'affaires, Jean Galmot traîne alors une mauvaise réputation, qui est aussi sa légende: «une espèce de nabab, de gospodar, qui faisait une noce à tout casser», «un ancien pirate» qui «s'était fait proclamer roi des Nègres» et «avait assassiné père et mère», un spéculateur sans scrupules qui aurait acquis «des douzaines de châteaux».
Rhum paraît en 1930, deux ans après la mort de Jean Galmot, deux ans passés par Cendrars à reconstituer la vie du bourlingueur, à interroger proches et témoins, à recueilir des documents. Périgourdin né en 1879, journaliste célèbre après des révélations en 1904 qui joueront un grand rôle dans la réhabilitation du capitaine Dreyfus, feuilletonnist