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Critique

Les fleurs du mal. Certes, le bien ne peut pas exister sans le mal, mais la liberté non plus: de Hannah Arendt à Aristote, de Hobbes à Kant, un essai sur le mal politique, par Myriam Revault d'Allonnes. Myriam Revault d'Allonnes, CE QUE L'HOMME FAIT A L'HOMME. ESSAI SUR LE MAL POLITIQUE. Seuil, «La couleur des idées», 170 pp., 99 F.

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publié le 14 septembre 1995 à 8h21

Quelle place tient le mal en politique? Y est-il inhérent? Et en

quel sens peut-on retenir ce type de question comme la question politique par excellence? C'est à y répondre en tout cas que s'emploie Myriam Revault d'Allones dans Ce que l'homme fait à l'homme. Essai sur le mal politique. On le sait, il ne s'agit jamais pour le véritable philosophe de donner les solutions comme dans un quiz, mais en en produisant la généalogie, d'indiquer les nouveaux enjeux que recouvrent pour l'époque les anciennes questions. Ainsi, le propos de ce professeur de l'université de Strasbourg, ancienne directrice de programmes au Collège international de philosophie, est paradoxalement d'ouvrir à l'espérance une communauté humaine qui aurait su reconnaître dans le mal l'origine énigmatique de sa propre liberté. Pour en arriver là, Myriam Revault d'Allonnes sera partie de la banalité du mal, au sens où l'entend Hannah Arendt, pour parvenir au concept de mal radical chez Kant, revenir aux Anciens et à la Constitution d'Aristote, et s'arrêter enfin sur la radicalité des Modernes, Hobbes et la lecture qu'en font deux commentateurs aussi massifs (et controversés) que Carl Schmitt et Leo Strauss.

Radical parce que banal C'est dans Eichmann à Jérusalem: rapport sur la banalité du mal, et à propos de l'extermination des Juifs par le régime nazi, qu'Hannah Arendt forge un concept qui devait par la suite être à l'origine de pas mal de malentendus. En s'éloignant de la pensée traditionnelle, elle entend int