Menu
Libération
Critique

Le dos de la cuiller. Que cachent les traités de savoir-vivre? En décortiquant une vingtaine d'ouvrages spécialisés parus depuis la fin du siècle dernier, la sociologue Dominique Picard a tenté de dégager la grammaire et la logique qui régissent les rites du quotidien. Dominique Picard, LES RITUELS DE SAVOIR-VIVRE. Seuil, «La couleur de la vie», 272 pp., 130 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 12 octobre 1995 à 9h23

Le foie gras ne se tartine pas; la salade ne se coupe pas; le pain

est rompu à la main; le fromage ne se mange pas à la fourchette mais est posé (et non raclé) avec son couteau sur un petit morceau de pain.» En matière de savoir-vivre, rappelle Dominique Picard, il n'y a que deux façons de se conduire ­ la bonne et la mauvaise. Cependant, avec les Rituels du savoir-vivre, ce professeur de psychologie sociale à l'université Paris-XIII n'a pas voulu écrire un traité de plus, mais comprendre leur logique et leur signification, en produire, en somme, une «grammaire». Dans la lignée d'Erwing Goffman, mais partant «du code et non de l'acteur», Dominique Picard a étudié ainsi une vingtaine de traités sur une période allant de la fin du XIXe siècle à nos jours, parmi lesquels Usages du monde. Règles du savoir-vivre dans la société moderne (Flammarion, 1899) de la baronne de Staffe, Guide du nouveau savoir-vivre (Albin Michel, 1971) de Raymond Lindon, le Bonheur de séduire, l'art de réussir. Savoir-vivre aujourd'hui (Fixot, 1991) de Nadine de Rothschild.

Réduits à leur forme essentielle, les traités de savoir-vivre peuvent être ramenés à un ensemble de prescriptions ­ ce qu'il faut faire ­ et de proscriptions ­ ce qu'il convient d'éviter. Mais, en dépit de cette logique binaire, c'est le terme moyen, la modération, que les traités érigent en principe central de la vie en société. Celle-ci est assimilée à une scène où chacun d'entre nous bougerait comme à la parade, dans le sens plein e