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De la Bible à Bilbo. Le «Livre des contes perdus», premiers-nés de la plume de Tolkien où s'ébauchent, sous les archaïsmes bibliques, les éléments de la cosmogonie poétique qui feront la fortune du créateur de «Bilbo le Hobbit». John Ronald Reuel Tolkien, LE LIVRE DES CONTES PERDUS (I), traduit de l'anglais par Adam Tolkien, préface et notes de Christopher Tolkien. Christian Bourgois, 363 pp., 150 F.

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publié le 26 octobre 1995 à 8h56

Au commencement, comme dirait Tolkien, était un éditeur en quête

d'auteurs étrangers et méconnus; cela se passait au début des années 70, c'était Christian Bourgois, et c'est à Jacques Bergier ­ qui venait de publier chez lui un recueil intitulé Admirations ­ qu'il demanda les noms de trois écrivains susceptibles d'être traduits. Parmi eux se trouvait celui de John Ronald Reuel Tolkien, dont Bilbo le Hobbit était certes déjà paru chez Stock, mais que les éditeurs français trouvaient d'une lecture trop complexe. Bourgois n'en écrira pas moins à Allen & Unwin, vieille maison anglaise qui lui accorde poliment le privilège du premier arrivé et lui cède les droits du Seigneur des anneaux pour la somme très raisonnable de deux cents livres sterling" «Et c'est ainsi, raconte Bourgois, que l'aventure Tolkien a commencé. Le phénomène m'a totalement surpris: j'ai découvert Tolkien en le publiant. Je ne suis pas du tout un grand amateur de ce type de littérature ­ mais j'ai été pris complètement par ce récit, je l'ai lu d'une traite" et je me souviens de Pauvert et de Régine Deforges m'écrivant, alors qu'ils venaient de le terminer: "Dépêche-toi de publier les autres tomes, on ne peut pas attendre, on veut savoir ce qui va arriver au héros.» De 1972 à 1985, l'édition courante oscillera autour des quarante mille ventes; l'édition de poche en obtiendra plus d'un million. La «tolkienmania» française rejoint celle qui a commencé à se développer dès les années 60 dans les pays anglo-saxons,