Le Clézio écrivain a au moins deux pays de prédilection: le Mexique, découvert il y a vingt ans et où il vit désormais la moitié de l’année, et l’île Maurice, où émigrèrent ses aïeux bretons au siècle dernier. Si le Mexique lui a surtout fourni matière à «rêve» et à réflexion plus historique, l’île de l’océan Indien est pour Le Clézio terre romanesque par excellence: après le Chercheur d’or et Voyage à Rodrigues, fictions généalogiques en même temps que quêtes d’identité, la Quarantaine en est une nouvelle illustration. Au départ, un épisode de la vie de son grand-père: il y a juste un siècle, ce dernier, retournant à l’île Maurice après un séjour en Europe, se retrouva en quarantaine sur un îlot à proximité, son navire ayant été contaminé par une épidémie. Cette expérience eut une telle influence sur le grand-père de l’écrivain, alors jeune homme, qu’il quitta tout de suite après la colonie et rentra en Métropole. Qu’avait-il donc pu se passer dans un laps de temps aussi court pour l’impressionner à ce point, pour changer ainsi sa vie?
Roman d'aventures, la Quarantaine tente de reconstituer ce choc supposé, cette confrontation unique d'un homme avec la maladie, la mort, l'enfermement et la vie brute sur un rocher volcanique perdu au milieu de l'océan. A partir de la légende familiale, Le Clézio a imaginé le destin de deux frères jusque-là inséparables, dont l'un est inspiré par son grand-père, et qui, alors qu'ils voguent vers Maurice, sont débarqués sur l'île Plate, des cas