Dans son dernier recueil d'articles traduits, En lisant Freud,
explorations et divertissements, Peter Gay, célèbre biographe de Freud (cf. Libération du 30.5.1991), se livre à une passionnante réflexion sur le métier d'historien. Il étudie les lectures de Freud, ses sources pour la rédaction de son ouvrage sur le mot d'esprit, et enfin sa correspondance, encore inédite, avec sa belle-soeur Minna Bernays.
A partir d'une déclaration de Jung en 1957, des historiens américains de l'école dite «révisionniste» ont prétendu que Freud avait eu une liaison sexuelle cachée avec la soeur de sa femme. La scène primitive de la séduction originelle aurait été masquée par un Freud hypocrite et démoniaque, dans le seul but de prouver au monde que la sexualité était un pur fantasme, sans rapport avec le traumatisme de la chair.
Peter Gay révèle l'existence d'un blanc (entre 1893 et 1910) dans la numérotation des lettres déposées par la famille aux archives Freud de la Bibliothèque du Congrès de Washington. Or, dit-il, c'est précisément durant cette période que la relation amoureuse a pu avoir lieu. Peter Gay ne croit pas à l'existence de cette «scène originelle», mais montre comment les héritiers légitimes, en censurant la vie privée des penseurs, suppriment inutilement des traces, jettent le trouble dans la conscience de l'historien, et donnent lieu à des interprétations fantasmatiques.
Jdanov passé sous silence Il y a un étonnant contraste entre ce petit livre tout en nuances et le volumineux