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Critique

Assassinez-moi ça . Recettes et assaisonnement à la sauce sang du Grand-Guignol, qui attira à la Belle Epoque un public surexcité, réclamant à grands crisle droit à l'horreur et à la peur. Agnès Pierron (édition établie par), LE GRAND-GUIGNOL ­ LE THÉÂTRE DES PEURS DE LA BELLE ÉPOQUE. Robert Laffont, «Bouquins», 1 435 pp., 8 pp. de hors-texte, 179 F.

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publié le 23 novembre 1995 à 9h59

Pour Céline, Macbeth relevait du Grand-Guignol. Aujourd'hui,

l'expression grand-guignolesque n'est plus associée qu'aux faits divers sanglants, au grotesque de rue" L'adjectif, usé, affadi, a perdu son sens originel. Qu'est-ce que le Grand-Guignol? D'abord un théâtre, créé en 1897 au coeur de Montmartre, au fond d'une impasse, dans une salle étroite qui avait été une chapelle, puis l'atelier du peintre Rochegrosse, et qui s'étiole à présent aux timides échos d'un cours d'art dramatique. Un certain Oscar Méténier, adjoint d'un commissaire de police du quartier, y fait représenter une pièce au contenu terrifiant ­ le meurtre d'une prostituée par un sadique ­, et le genre est né.

Le Grand-Guignol, dès le début du siècle, attire un public surexcité, mais aussi les dramaturges les plus divers. Georges Darien, Félicien Champsaur, Jean Lorrain, Renée Vivien, Octave Mirbeau et un grand nombre d'inconnus vont se frotter aux exigences d'un nouveau directeur du théâtre, Max Maurey, bien décidé à faire de la salle de l'immense Chaptal «la maison de l'horreur». Maurey y parviendra au-delà de toute espérance, puisque la renommée du Grand-Guignol dépasse bientôt les frontières. Précisons tout de même que la «formule» instaurée par Max Maurey soumet les spectateurs à ce que cet ingénieux manager nomme «la douche écossaise», c'est-à-dire un mélange de pièces d'épouvante et d'actes gais, signés Courteline ou Tristan Bernard, Gyp ou Georges Montignac. Cependant, c'est pour avoir peur qu'on vie