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Critique

Maine de Biran, très près du corps. Pourquoi suis-je moi plutôt qu'un autre?», s'interrogeait Maine de Biran (1766-1824), qui fit du corps le lieu essentiel du sentiment de l'existence. Maine de Biran, DE L'APERCEPTION IMMEDIATE (MEMOIRE DE BERLIN 1807), édité par Ives Radrizzani. Librairie philosophique J. Vrin, 308 pp., 198 F. Bruce Bégout (présenté par), MAINE DE BIRAN, LA VIE INTERIEURE. Payot, «Petite Bibliothèque», 308 pp., 72 F.

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publié le 23 novembre 1995 à 9h59

Revenant une dernière fois sur sa propre démarche philosophique dans

un texte (1) publié juste avant sa mort, Gilles Deleuze évoque Maine de Biran: «N'est-ce pas une aventure semblable qui survenait à Maine de Biran, dans sa "dernière philosophie (celle qu'il était trop fatigué pour mener à bien), quand il découvrait sous la transcendance de l'effort une vie immanente absolue?» Bergson déjà avait été influencé par le «biranisme», cette théorie phénoménologique du moi qu'anticipe d'un siècle Husserl sur des nombreux points, et qui fascinait, plus près de nous, Merleau-Ponty. Pourtant, en dépit de ces multiples reconnaissances, Maine de Biran (1766-1824) reste un philosophe méconnu. Aussi faut-il saluer l'édition critique en treize volumes des écrits de Maine de Biran en cours de publication chez Vrin, sous la direction de François Azouvi. Edité par Ives Radrizzani, De l'aperception immédiate représente le IVe tome de cette entreprise ambitieuse qui devrait s'achever à la fin du siècle. En même temps paraît, chez Payot, Maine de Biran, la vie intérieure, une anthologie de textes biraniens choisis et présentés par Bruce Bégout. Il s'agit là d'une introduction (heureuse) à ce philosophe trahi en son temps par Victor Cousin lui-même, son jeune disciple, qui, chargé par l'exécuteur testamentaire de publier les oeuvres de Biran, finit par les rendre, après dix ans, dans un état de désordre supérieur à celui où il les avait trouvées.

Sincèrement de droite Jeune militaire de la compag